« Nous sommes un groupe pharmaceutique, numéro 3 mondial, présent dans 150 pays et comptant plus de 110 000 collaborateurs », indique Loïc Giraud, actuellement senior vice president digital delivery au sein de Novartis, ajoutant que « la mission de l'entreprise consiste à réimaginer la médecine à travers l'utilisation de technologies digitales pour étendre l'espérance de vie des gens ». L’entreprise, jusqu’alors peu tournée vers le numérique, se voit en effet confrontée à un véritable bouleversement lors de l’arrivée de son CEO, Vasant Narasimhan, en février 2018.
« Lorsque le nouveau CEO est arrivé, il a lancé une nouvelle stratégie. L’un des cinq piliers de cette stratégie consistait à travailler sur la transformation digitale » indique-t-il. « Nous avons donc commencé en 2018 avec la création d’un CDO office, qui permettait d’évangéliser toute la partie digitale pour l'organisation et de commencer avec des pilotes dans différents secteurs, dans la recherche, le développement clinique, la production de médicaments ou encore dans les ventes et le marketing » précise Loïc Giraud, alors responsable du centre d’excellence business analytics.
Formula One, la plateforme made in Novartis
Rapidement, les équipes en charge de cette transformation au sein de Novartis se rendent compte du succès de certains pilotes et de la multiplication induite du nombre de plateformes pour insérer et intégrer les informations. « C’est ainsi que l’on a créé une plateforme entreprise qu'on appelle Formula One qui intègre toutes les informations de la société » poursuit Loïc Giraud. La plateforme multicloud est hébergée sur AWS et sur Azure, notamment pour des questions de sécurité. Cette stratégie de défense répond à « l’un des principes que Novartis avait au départ, ne pas avoir un login avec un cloud provider » précise-t-il.
La plateforme intègre rapidement Databricks et Redshift d’Amazon à sa plateforme, mais se retrouve confrontée à des problèmes sur plusieurs cas d’usage. « En discutant avec Snowflake, l’éditeur nous a expliqué pouvoir régler cela rapidement en améliorant les performances, ce qui n’était pas possible chez Databricks » précise ce responsable de la plateforme digitale chez Novartis. « Nous avons choisi Snowflake principalement pour des raisons de performance, parce que le volume de données qu’elle peut traiter était largement supérieur à ce que les autres proposaient ». De ce cas d’usage avec l'entreprise ont découlé 70 à 80 cas pratiques supplémentaires. « Désormais, Snowflake est l'outil principal dans notre environnement big data » résume Loïc Giraud.
Des solutions clé en main signées Snowflake
Parmi les solutions adoptées, Novartis précise qu’elle utilise Snowpipe, le service d'alimentation de données en continu de Snowflake pour la gestion, le stockage et le traitement de ses données. L’entreprise a également adopté la marketplace de l’éditeur, « principalement pour intégrer des données » précise Loïc Giraud, ajoutant que cela se révèle très avantageux, « avant on achetait les données, mais pour les intégrer nous devions le faire nous-mêmes, alors que là elles sont déjà présentes ». Une solution clé en main qui répond notamment à la problématique des compétences IT. Alors que les profils techniques se font denrée rare, la solution de Snowflake y répond parfaitement. « Récupérer les données, les insérer, et les qualifier, c'est du temps et de l'argent. Désormais elles sont déjà prêtes, on a simplement à les consommer. Le temps de documentation et de test dans une entreprise pharmaceutique représente 30 % du budget d’un projet. Si on élimine cette partie-là, on peut tout simplement délivrer des projets plus rapidement et c'est également une économie de coûts pour le patient ».
A ce jour, Novartis fait partie de l’écosystème Snowflake, et a à son compteur 70 cas d’usage en production et près de 200 en différentes phases de développement et test. Les équipes qui travaillent avec la marketplace de Snowflake sont toutefois en demande d’amélioration. « Nous aimerions qu’il y ait plus de fournisseurs de données qui viennent intégrer les données. On essaie également de pousser un autre sujet dans leur roadmap, on voudrait qu’ils travaillent sur la partie transactionnelle pour pouvoir l'utiliser comme une base de données sur les processus correspondants. Aujourd’hui, ils sont principalement sur la partie analytique » indique Loïc Giraud.
Des annonces qui vont dans le bon sens
Les demandes de Novartis ont été entendues puisque lors de l'événement Snowflake Summit 2022 à Las Vegas, la plateforme de gestion des données cloud a annoncé commencer à travailler sur la partie transactionnelle. « C’est quelque chose qui va beaucoup nous aider » ajoute Loïc Giraud. Cependant, il estime que les améliorations sont encore nombreuses. « Il y a certaines intégrations avec des outils externes qu'il faudrait simplifier en se positionnant à l’épicentre de l'écosystème de la data. Il faut qu’ils encouragent les partenaires à fournir des solutions qui complémentent Snowflake et qui s'intègrent » commente-t-il. L’édition 2022 de cet événement a d’ailleurs été bénéfique puisque plus de 200 partenaires étaient présents.
Avec le développement de solutions Snowflake, Novartis espère répondre à une autre problématique. « Nous nous intéressons à un autre sujet, à savoir comment des utilisateurs finaux peuvent créer leurs produits au lieu d'utiliser les ingénieurs informatiques. Pour cela, il faut que l'on simplifie les technologies et qu’on les intègre de façon que n’importe qui puisse les utiliser, j'appelle ça self-service development » précise cet ingénieur de formation. Avec 110 000 personnes réparties dans le monde, l’entreprise pharmaceutique déclare que 80 % de son IT est externalisé, ce qui représente 12 000 sous-traitants. « Indépendamment du nombre de sous-traitants, le nombre de cas à gérer continue à augmenter, ce n’est pas viable d’accroître cette externalisation. Il faut vraiment que les employés dans les organisations industrielles soient capables d'utiliser cette solution pour créer leur propre produit ou en tout cas une partie de ces produits » poursuit-il.
La multiplication des solutions, bonne ou mauvaise idée ?
« Chez AWS, nous utilisons une large partie de la plateforme et de ses services : le stockage S3, SageMaker, Glue, ou encore IoT Greengrass – un service cloud destiné au développement, au déploiement et à la gestion de logiciels d’appareils, etc. On ne l'utilise pas pour tous les produits mais essentiellement pour la partie stockage. Sur Azure, on a une pile de technologies principalement pour la partie analytique, incluant Synapse analytics, Data factory, et d’autres produits » détaille Loïc Giraud. « L’un des principes que nous avions au départ est que nous voulions être multicloud afin de pouvoir se reposer sur l’un si nous rencontrons un problème avec l’autre fournisseur ».
Dans son choix de solutions, Novartis explique avoir regardé au sein des plateformes quelles technologies étaient compatibles. « Par exemple, Snowflake est l’une des rares solutions qui peut travailler sur AWS ou Azure ou même sur GCP. C'est complètement transparent pour l'utilisateur » résume M. Giraud, notant au passage que « Databricks fait pratiquement la même chose ». La suite consiste à regarder quels scénarios fonctionnent le mieux avec quel fournisseur cloud et leur valeur ajoutée. « 80 % de la data est sur AWS et beaucoup de cas d’usage data science tournent sur Azure, cela vient en partie du fait que l'on ait un très gros partenariat avec Microsoft. On essaie toutefois d'éviter de dupliquer des informations et d'avoir une partie qui est redondante » conclut-il. En complément l’entreprise indique qu’elle utilise EBX software, un outil de master data management chez Tibco.
Face à ce portefeuille de solutions, la sécurité est primordiale et l’équipe dédiée chez Novartis en est la preuve ; comptant pas moins de 400 personnes, celles-ci sont préparées aux cyberattaques et réalisent des exercices tous les trimestres. Loïc Giraud reste toutefois partagé : « Je pense que c'est juste une question de temps, ce n'est pas une question de si. Personne ne peut contenir, cela arrivera à un moment donné, c’est certain ».