« L'Europe nous tient à cœur. Nous sommes présents en Europe depuis 15 ans et nous avons des bureaux sur tout le continent, y compris à Paris » énonce Matt Calkins, fondateur et CEO d’Appian. L’entreprise américaine, spécialiste du low-code, est fière de sa croissance à l’international. Son fondateur précise à ce sujet que son « produit connaît une croissance plus rapide en Europe qu’en Amérique du Nord ». Devenu l’un des centres de son activité, le continent est une source infinie de clients potentiels, dans des secteurs privilégiés tels que la finance et les services bancaires. « Les entreprises de services financiers sont très compliquées et peuvent dépenser beaucoup pour que tout soit parfait. Ce n'est donc pas un hasard si elles sont devenues notre plus grande industrie », précise-t-il.

Cependant, il raconte que ses solutions sont utilisées par le gouvernement, les services pharmaceutiques, les assurances et les soins de santé. Le National Health Service (NHS) du Royaume-Uni, par exemple, a fait appel à Appian durant la pandémie. Il n’hésite pas à s’étendre sur la diversité de ses clients, évoquant certains des plus grands aéroports du monde ou encore des sociétés spécialisées dans l’énergie. Faisant un point sur la stratégie de la firme outre-Atlantique, Matt Calkins est clair : en France, il y a tout à faire. « Nous n'avons pas acquis d'entreprises en France, cependant il est intéressant de noter que nous avons fait des acquisitions en Allemagne et en Espagne, ce qui signifie que nous ne sommes pas opposés à la fusion avec des entreprises européennes et à la création de partenariats avec elles » explique-t-il. Précisant qu’Appian possède des clients et partenaires dans chacune des capitales européennes, il mentionne notamment le français et leader du secteur pharmaceutique, Sanofi.

Sanofi, le français qui a adopté le low-code

La firme du CAC 40 est en effet cliente d’Appian depuis 2016 et utilise les solutions de l’éditeur notamment pour ses unités opérationnelles de R&D clinique et de pharmacovigilance. Matt Calkins, qui s’est rendu plusieurs fois au siège de Sanofi, à Paris, rend compte des différentes problématiques auxquelles l’entreprise était confrontée. La certification des médicaments face aux normes qui diffèrent d’un pays à l’autre, mais aussi la sécurité des produits vendus, la pharmacovigilance, ou encore la gestion des essais cliniques. Du fait de la particularité de cette industrie, il explique que les processus sont longs et très réglementés.

« Il y a trois principaux organes directeurs dans le monde pour l'approbation des produits pharmaceutiques aux États-Unis, en Europe, et au Japon. De nombreux pays se conforment à l'une de ces normes, mais elles changent un peu ou ont leurs propres particularités, ce qui rend les choses extrêmement compliquées. Il faut d'abord tester le médicament, travailler avec des médecins et des patients, recueillir les résultats, puis les envoyer à une autorité compétente pour obtenir l'autorisation de commercialiser un médicament » détaille-t-il. En ce sens, Appian a donc été impliqué dans ce processus et raconte l’avoir automatisé pour Sanofi en 2018. Michael Robbins, directeur associé de la technologie et de l'information chez Sanofi, a confirmé les résultats positifs de cette intégration lors d’une intervention à Appian World 2014 : « La valeur des métriques en temps réel avec Appian a considérablement amélioré notre capacité à respecter les réglementations pharmaceutiques ».

Le low-code sur la voie de la démocratisation

« Nous travaillons souvent avec les plus grandes organisations, notamment parce que nous pouvons gérer une bonne dose de complexité » poursuit Matt Calkins. « Les processus sont plus compliqués et uniques pour les plus grandes entreprises » déclare-t-il, ajoutant que la firme teste ses dernières fonctionnalités avec ses clients les plus puissants. Il vante une véritable démocratisation du low-code et de solutions développées en ce sens. Visant une multiplication par dix de l’efficacité des développeurs, le dirigeant veut désormais toucher une cible plus large : il s’agit à la fois de multinationales et d’entreprises plus petites. « Tout le monde devrait pouvoir développer. Je ne suis pas vraiment un développeur, mais je devrais être capable de développer sur la plateforme Appian. Nous devrions tous pouvoir le faire parce que c'est visuel, c'est humain et cela permet de concevoir une séquence logique d'une manière que chacun comprendrait ».

Il rappelle ainsi que par le passé, « si vous vouliez parler à un ordinateur, vous deviez parler dans sa propre langue. Maintenant, nous pouvons parler dans une langue humaine et c'est un changement très important ». Les améliorations faites ces derniers mois sur la technologie low-code d’Appian constituent ainsi un moyen de « rendre la communication et la collaboration avec les ordinateurs plus humaines, plus intuitives et plus autonomes » estime M. Calkins. Sa dernière annonce, #lowcode4all, en est la preuve ultime.

Servir un cercle de partenaires privilégiés

Le programme #lowcode4all nouvellement créé vise à fournir une formation et une certification low-code « afin de favoriser la formation professionnelle et les opportunités pour la prochaine génération de développeurs low-code ». Cet enseignement gratuit guide les participants éligibles à travers un parcours pour apprendre la technologie low-code et obtenir leur examen Certified Associate Developer. La société a pour objectif de délivrer au moins 1 000 bourses lowcode4all cette année. Même si l’idée peut paraître noble, elle traduit d’autres aspirations : offrir à ses partenaires des développeurs formés rapidement aux solutions Appian.

Dans les faits, les partenaires de l’éditeur sont également partenaires dans le réseau d’embauche de ces futurs développeurs. Ils mettent ainsi à disposition des participants un accès aux recruteurs. Le CEO d’Appian n’hésite pas à l’avouer lui-même, « les partenaires sponsorisent ce programme avec nous, participent à son élaboration et aident à créer des experts en low-code ». Lancé au sein de 3 universités, le programme pourrait un jour trouver sa place en France, espère-t-il.

La nécessité d’évoluer avec la législation

Lors de notre entretien, la question de la sécurité s’est évidemment posée. Alors qu’Appian a récemment annoncé avoir « reçu le niveau le plus élevé de la certification de conformité du gouvernement américain, ce qui est extrêmement compliqué et coûteux ». En réalité, il s’agit de l’avant-dernier niveau de sécurité, IL5 (impact level 5), qui correspond à l’un des plus hauts niveaux de certification cloud du département américain de la défense, le dernier étant IL6. Sur le marché du low-code, Appian est la première entreprise à posséder ces cinq niveaux de sécurité. La firme s’est longtemps tenue à l’écart de cette certification, au vu de « la quantité d'argent que nous devions dépenser » explique Matt Calkins.  Ce dernier, très porté sur les questions de sécurité, assure avoir la plus haute promesse de temps de fonctionnement dans le secteur et se conformer aux exigences de sécurité les plus élevées et les plus difficiles à obtenir.

En Europe, c’est une autre paire de manches. Appian, comme tant d’autres entreprises, doit en effet se plier aux dernières volontés de Bruxelles : le DMA et le DSA. « Sommes-nous impactés ? Oui, bien sûr. Tout d'abord, nous avons été impactés par la façon dont nous sommes autorisés à commercialiser les changements. Nous venons de supprimer un grand nombre d'adresses e-mail de notre base de données » analyse le CEO. Mais ce changement de réglementation est également un moyen de mettre en avant les solutions d’Appian : « Cela a également changé notre activité parce que nos clients doivent s'adapter à la nouvelle réglementation. Lorsqu’une entreprise doit s'adapter, elle le fait souvent avec un processus, elle doit mettre en place un processus qui soit conforme et Appian apparaît comme un très bon choix » ajoute-t-il. « Dans l'ensemble, cela nous a été bénéfique car les entreprises viennent nous voir et achètent notre logiciel pour pouvoir se conformer à la nouvelle législation ».